Le mystificateur Donald Trump… S’agit-il de la fin de la légitimité du populisme ?

Il y a plusieurs définitions du populisme, mais, dans l’ensemble, on reconnaît qu’il s’agit d’une stratégie politique qui vise à mobiliser l’agressivité du peuple contre l’establishment, les privilégiés et l’élite intellectuelle qui détiennent les reines du pouvoir et qui prônent des politiques libérales en délaissant les aspirations des moins favorisés et en attaquant leurs valeurs inégalitaires, xénophobes et ultranationalistes.

Hitler mao staline.jpg

C’est une stratégie bien connue dans les pays libéraux (Norvège, Danemark, Suisse, France, Italie, Pays-Bas…) bien qu’elle ne connaisse pas les succès escomptés par leurs promoteurs, à l’exception des historiques gouvernements de Staline, de Mao Zedong ou de Hitler, des organisations malfaisantes qui ont dévasté la vie de dizaines de millions de leurs citoyens qui, pourtant, leur avaient fait confiance. On aurait pu penser que ces expériences politiques dévastatrices auraient anéanti à tout jamais l’émergence d’un pouvoir basé sur l’égoïsme à courte vue du citoyen. Tel n’est pas le cas, cependant. Donald Trump, assisté du théoricien de la dénonciation populiste, Steve Bannon, a réussi l’impensable : mettre en place un gouvernement formé de millionnaires et milliardaires en s’attirant la confiance des plus démunis par des promesses d’assainir les mœurs politiques de Washington.

Est-ce que Donald Trump sera celui qui démontrera que le populisme n’est qu’illusion ?

Hubris over democracy.jpg

En moins d’un an, les États-Unis sont passés d’un respectable statut international de pacificateur et d’humaniste, à un statut d’ennemi public pour les uns, de trouble-fête pour certains et d’État bouffon pour les autres. Et cela, à cause d’un seul personnage, Donald Trump, qui a su harnacher la haine, la rancœur et l’amertume qui se terre dans le cœur des conservateurs, gonflé à bloc par un sentiment de vengeance contre un système politique qui a permis à un noir de les gouverner et qui se préparait à ouvrir la porte du pouvoir à une femme, ajoutant l’insulte à l’injure. C’était l’occasion à saisir. Donald Trump, adoptant un comportement irrespectueux, utilisant le mensonge presque à chacune des phrases qu’il a prononcées, a tout fait pour écraser l’administration Obama, qui, d’ailleurs, ne manqua pas de le ridiculiser en retour. Il n’eut de cesse de tenter de rendre illégitime son opposante politique en la traitant de criminelle… Ce fut facile, direz-vous… sa clientèle ne voulait rien entendre d’autres… délirant même dans les rallyes brillamment organisés par l’équipe républicaine en murmurant en cœur le mantra parfait « lock her up » et, parfois, dans l’enthousiasme, « hang her in the street ».

Non, ce ne fut pas si facile.

Il fallait plus pour battre Clinton. Les humains n’aiment pas détester pour détester… du moins, pas tous… Il fallait une explication politique, une raison valable, plus morale encore, une façon de rallier les insatisfaits… une explication à leur rancœur alimentée par l’extrême droite médiatique. Et c’est là que Trump, le fascinateur, excellait. Creusant sans trop d’efforts dans la plus profonde des médiocrités politiques par un langage visant à soumettre sa clientèle et ses adversaires, Trump a su légitimer la haine qui se cachaient dans le cœur des citoyens qui n’acceptent pas leur situation et qui voient la cause de leur désespoir dans l’inaction de ceux qu’ils élisent pour les sortir de là… dans l’incapacité des élus qui se vautrent dans des débats paresseux, dans la stérilité des affrontements et dans les improductifs trafics d’influence. Il fallait assécher le marécage malodorant de Washington… « Drain the swamp! » chantait ses supporteurs. Trump, l’incontestable manipulateur, a su leur communiquer cette illusion du possible… le « yes, we can » d’Obama, le démocrate libéral, qu’il a transformé dans le « I alone can do it » du despote perturbé.

Trump à la présidence… Impossible se dise une majorité de citoyens américains

Les défectuosités de Trump en tant qu’humain responsable sont beaucoup trop nombreuses pour en traiter ici… Il a certaines qualités… certes… comme tout le monde, mais, outre une admiration sans bornes pour sa fille, on les cherche encore… du moins, c’est ce que semble dire Donald King, un analyste politique… un nom de plume et pourquoi pas, un « fake name »… dans son livre publié sur Amazon et intitulé « Why Trump Deserves Trust, Respect & Admiration »… A Book That Has A Twist You’ll Never Expect. Au fond, comme le décrit le billionnaire George Soros, Donald Trump est un imposteur aux connaissances déficientes et au tempérament dictatorial que rien ne destinait à la fonction…

On qualifie souvent Donald Trump « d’iconoclaste », une qualité qu’il devrait apprécier qu’on lui reconnaisse, la qualité d’un dur à cuire au « stamina » élevé, prêt à affronter et à écraser n’importe quel adversaire qui oserait s’opposer à lui, quel que soit son statut public. Dans ses innombrables tweets, dans ses innommables méchancetés, on retrouve le sens que l’on donne à cette expression : un iconoclaste est une personne qui s’attaque à de (prétendus) tabous, ou à des idoles du moment (stars, politiciens, héros, universitaires, personnages en vue) d’habitude respectés sans réserve. Le problème ici est que les tabous auxquels il s’attaque, comme l’intelligentsia de Washington… the swamp comme il la qualifie… ou Meryl Streep, la comédienne, ne sont pas les bonnes cibles. Il se ridiculise à chaque fois qu’il se trompe de cible… c’est maladif.

trump-therapists-mental-evaluation.jpg

Mais Trump n’est pas seulement un iconoclaste qui se contente d’attaquer bassement la réputation de ses adversaires. C’est aussi un revanchard chargé d’une énergie destructrice pour tous ceux qui oseraient lui refuser un service. N’avait-il pas confié à Charles Branson, le milliardaire britannique, qu’il passerait le reste de sa vie à détruire les cinq personnes qui avaient refusé de lui prêter de l’argent lors de ses faillites ? Il faut se demander comment un revanchard qui se verra critiquer ou tourner le dos par des centaines de leaders politiques et économiques, comme c’est déjà en cours d’ailleurs, pourra maintenir la place des États-Unis dans le monde, un homme déséquilibré, encombré par les milliers de châtiments qu’il cherchera à imposer aux personnes qui l’ont insulté.

Mais le plus difficile, il faut bien l’admettre, c’est la question de la légitimité personnelle de Donald Trump à la présidence des États-Unis. S’il s’agissait de l’Argentine ou de la France, peu de gens hors de ces pays se sentiraient vraiment concernés par la personne qui occupe la fonction de Président. Mais, dans le cas des États-Unis, la personne à la tête du pays occupant la fonction la plus importante au monde, tous se sentent interpeler par les qualités de la personne en fonction, qualités qui la rendent légitime aux yeux de ses interlocuteurs, non pas parce qu’elle occupe la fonction présidentielle, mais parce que ses qualités humaines sont remarquables, que ses défauts en font une personnalité agréable à côtoyer et que son cadre moral est réconfortant.

Malheureusement, Donald Trump ne semble pas capable d’intégrer honnêtement une telle personnalité publique, ce qui le rend personnellement illégitime moralement[i] pour occuper cette fonction aux yeux de centaines de millions de personnes. Son caractère abrasif, ses comportements déplacés et sa malhonnêteté évidente le font voir par toute personne raisonnable et de bonne foi comme un personnage non respectable, l’amputant de l’influence naturelle qu’il doit exercer sur le cours des choses.

Est-ce suffisant pour en faire un Président illégitime ?

Il y a en effet la légitimité technico-juridique, celle qui se définit comme fondée sur des bases juridiques, la forme de légitimité qui semble conforme au processus électoral des États-Unis, le décompte des votes pour le candidat s’étant fait selon le processus normal et la votation ne semblant pas avoir été affectée par des manipulations des boîtes de scrutin ou par l’intimidation des électeurs. Il y a bien sûr la légitimité morale personnelle, cet aspect important se rapportant aux attributs de la personne qui occupe ce poste si crucial pour l’avenir de l’humanité et que Donald Trump ne semble pas se mériter.

Mais, ici, Trump n’a pas caché sa personnalité que plusieurs jugent ordurière, s’offrant aux médias comme un menteur invétéré et incitant à la haine, un personnage psychédélique ne reconnaissant pas la véracité des faits, utilisant un langage déplacé et à la menace facile, adoptant de plus une attitude raciste et régressive. Comme tous s’y attendaient, une personne normale, saine d’esprit et raisonnable aurait dû condamner ce personnage avant même la fin des préliminaires. Mais ce ne fut pas le cas. On ne sait trop si c’est par cynisme ou par intérêt qu’il s’est attiré une majorité des voies dans les États stratégiques. Il n’est pas donc pas surprenant que les républicains voient la légitimité avant tout comme un décompte légal des votes et la confirmation par les grands électeurs qui, elle, la légitimité, devrait assurer la légitimité morale de la personne choisie selon les règles par l’électorat.

C’est cette vision qu’ils tentent d’imposer sans réussir au leadership démocrate : Trump est un Président légitime ! disent les républicains à tout vent.

De plus, il est assez évident que la question de la légitimité morale est, jusqu’à un certain point, philosophique et politique, et qu’il est critique pour l’État de trancher cette question de manière irréfutable, donc en demeurant sur la légitimité technique et en évitant les débats philosophico-moraux insolubles.

C’est donc cette absence de distinction entre la légitimité technique du processus et la légitimité morale de la personne qui occupe la fonction qui cause problème ici, étant très mal avisé de renverser le choix électoral sur l’acceptabilité morale de Donald Trump ou sur les doutes qu’une puissance adversaire ait influé sur le choix des électeurs à un niveau qui aurait changé les résultats, ou pire, sur la possibilité que Poutine détienne les moyens d’agenouiller le Président.

Ainsi, Donald Trump, personnage illégitime de par ses comportements, ses incapacités psychologiques et intellectuelles et ses déclarations politiques inappropriées, ainsi que peut-être par sa soumission suspecte aux volontés de Vladimir Poutine, devient le Président légitimement élu par une minorité d’Américains. Le prix à payer pour cette probable erreur de la plus grande démocratie du monde viendra plus tard… il paiera le prix politique, mais ce sera surtout ceux qui souffriront de ses décisions qui paieront le prix fort.

Peut-être aussi que cet homme qui semble aux yeux des libéraux et des progressistes totalement incapable d’occuper cette fonction se révélera sous un autre jour… peut-être… tous les républicains l’espèrent... l’humanité entière l’espère… et les exploités des fantômes du « marécage » en sont encore certain.  

Mais, il ne faut pas trop y compter.  Son discours à son assermentation et ses bourdes quotidiennes depuis démontrent qu’il ne comprend ni la politique ni l’économie, qu’il est incapable de reconnaître que la situation des américains s’est améliorée depuis 2010 et que son élection n’a rien à y voir.

Depuis presque un an maintenant, les médias… les familles ne parlent que de Donald Trump, une réussite pour une personne qui se cajole dans son importance, qui éprouve le besoin d’être le centre d’attention du monde entier…

Mental healt Trump.jpg

Selon toutes apparences, le Président élu serait enfoui profondément dans un trouble de la personnalité narcissique, « a textbook case of narcissistic personality disorder », « une des composantes les plus profondes de la personnalité », un problème difficile à guérir, la médication étant sans effet et les thérapies beaucoup trop exigeantes pour que l’une d’elles soit acceptable à un personnage comme Trump… Si c’était le cas, comme son comportement semble le démontrer, il s’élèverait aux côtés de personnalités dysfonctionnelles comme Hitler, Staline, Sadam Hussein, Poutine… des leaders hors normes exerçant un pouvoir extrême en conservant par la crainte le soutien majoritaire de la population.

Comme le pensent plusieurs psychiatres et psychologues, s’il s’avérait que Donald Trump soit affublé d’un trouble de personnalité narcissique extrême, il faudra vraiment se demander comment et pourquoi la démocratie américaine légitimerait un tel personnage à la Présidence du pays le plus influent au monde.

Mais plus encore… cet homme pourrait être celui qui démontre que la volonté populaire forgée par le mensonge et qui s’exerce par la haine et la vengeance ne crée pas les bénéfices espérés.

Alain Avanti

k_uqmiuqdemxkaclcfnlfq.png

[i]  Il ne faut pas confondre légitimité morale de la fonction de Président et celle de la personne qui occupe cette fonction. La légitimité morale de la fonction s’apprécie sur l’acceptabilité sociale des processus décisionnels (encadrement et structure de contrôle) et de leurs résultats alors que la légitimité morale de la personne qui occupe cette fonction résulte de l’appréciation de ses qualités humaines pour occuper la fonction.

Alain Avanti

Alain Avanti s’intéresse à travers la science-fiction à l’évolution de l’espèce humaine. Il écrit pour ceux qui, comme lui, adhèrent à une nouvelle vision du monde, un monde qui se fabrique sur la vérité, la bonté, la raison, la connaissance, l’imaginaire et la quête du bonheur… un monde où la liberté de chacun s’exprime dans un environnement sécuritaire… un monde où le pouvoir est véritablement au service de l’épanouissement de tous… un monde respectueux de la vie et engagé à la protection de la biosphère.

Ses livres sont des thrillers politiques où s’entremêlent le bien et le mal, où l’inconnu et le doute défient l’intelligence… Ses récits veulent plaire à ceux qui croient à un grand destin pour le genre humain, mais qui peinent à trouver le temps pour y rêver… Ses romans veulent rendre captivant le regard que l’espèce humaine devrait jeter sur elle-même, sur l’infiniment petit, l’infiniment grand et l’infiniment mystérieux… Ses écrits portent sur la responsabilité que donne aux humains la capacité de prendre conscience de ce qu’ils sont… la conscience, cet attribut unique que le cosmos a mis plus de 13,8 milliards d’années à façonner.

Il y a là une certaine vision utopique de ce que pourrait devenir le monde dans lequel nous vivons… sauf que…

… sauf que le génome humain… porteur de la parole et de l’imaginaire, l’industrie de la raison et de la bonté… l’immense aboutissement de l’énergie et la matière… dispose de tout ce qui pourrait être utile à ce grand dessein… mais aussi de tout ce qui pourrait empêcher le destin de l’humanité de se réaliser.

La Série « Nouvelles Écritures » imagine un monde où enfin l’humanité a été entendue par une civilisation qui a traversé toutes les étapes de son évolution, une civilisation extraterrestre… extradimensionnelle… qui ouvre la porte à l’apparition d’un nouvel humain. Les personnages engagés sur cette voie feront face à des résistances inattendues et découvriront que la quête d’un monde meilleur ne fait pas l’affaire de tous.